Ce dimanche matin a eu lieu le cinquième keiko mensuel de taikiken de cette saison ACBB-Karaté, au parc de Saint-Cloud.
Pour la cinquième fois de suite, entraînement dans un environnement humide et frais… mais
Maître Sawai (1903-1988) lui-même, fondateur du taikiken, n’entraînait-il pas ses élèves dans les parcs des villes nippones ?
L’aléa météo peut donc faire partie de l’exercice.
La coupe de France kyokushinkai (kumite seniors) se déroulant le même jour, à l’institut national du judo (INJ, porte de Châtillon), les participants engagés à divers titres dans cette compétition-phare ou son organisation n’ont naturellement pas pu être cette fois présents au keiko.
Après un bref échauffement ciblé sur les zones du corps appelées à être les plus mobilisées et la rituelle séquence de ritsu zen («position de l’arbre») et quelques allers-retours de neri («pétrissage») classiques, Vatha Uk Hel Chau sensei a proposé un travail fondé sur des déplacements parmi les plus usuels du kihon kyokushin : quatre dachi («positions»), assorties des quatre blocages de base, progressivement adaptées à un mode taikiken.
Ainsi, le rythme du mouvement total du corps change peu à peu, l’amplitude externe des gestes se réduit ou plus exactement devient interne (rôle majeur du dos), on y met une forme plus subtile et déliée de «l’intention»…
En taikiken il s’agit non d’escamoter les techniques acquises en karaté, surtout pas, mais de les exécuter davantage «en sensation».
Puis Vatha sensei a orienté les échanges sur deux points successifs principalement :
- la sollicitation des kua (l’aine), en relâchant les membres supérieurs qui captent et relaient, mais n’auront à eux seuls jamais la puissance que donnent à la fois la chaîne «enracinement au sol/mobilité des hanches/énergie profonde du hara» ET la chaîne «muscles profonds/tendons /fascias»
- l’exploitation du «poids» à mettre dans l’esquive ou le blocage, par exemple sur une attaque tsuki dans laquelle on pénètre avec le «timing» juste.
Le keiko s’est achevé sur une contribution presque aussi essentielle en taikiken que le ritsu zen : un bref tansho, effectué par chacun des participants l’un après l’autre, au centre du cercle.
En apparence le tansho tient, si l’on veut, à la fois du shadow boxing et du fameux «combat réel contre des adversaires imaginaires».
En vérité il est bien plus que cela :
- son seul cadre formel réside dans le tempo (typiquement : d’abord lent, puis vif, puis retour à l’extrême lenteur)
- il est totalement livré à l’improvisation, à l’inspiration du moment et à ce porte en lui le pratiquant.
Parce qu’il permet d’exprimer cette part de sincérité tout en concentrant sur une poignée de secondes (version courte) ou de minutes (version longue) tout ce que le budoka a appris, intégré et synthétisé, symboliquement le tansho est la façon parfaite de clore un keiko.
Merci à Vatha Uk Hel Chau sensei de ses apports, et de son implication.
Nicolas.
