Ce dimanche matin 5 février, météo fraîche et humide pour le cinquième keiko de taikiken en plein-air de la saison 2022-2023.
Le taikiken se pratique dehors ou dedans, mais l’extérieur convient particulièrement à sa nature profonde : à l’origine (seconde moitié du siècle dernier), il était enseigné dans un parc de Tokyo.
Les neuf sessions annuelles au Parc de Saint-Cloud sont pilotées, alternativement, par Julien Porterie shihan et par Vatha Uk Hel Chau sensei - qui cette fois-ci dirigeait la séance.
La coupe de France kyokushinkai se déroulant ce même week-end à l’Institut national du judo (INJ, Paris 14ème), l'effectif présent était des plus réduits : encadrants, arbitres et supporters avaient naturellement été requis pour l’évènement à l’INJ. Le keiko a été un peu abrégé, pour permettre aux participants de se joindre à temps au public de la compétition.
Après quelques instants de conditionnement individuel (à distance les uns des autres : « position de l’arbre » ou ritsu zen, chacun face à son… arbre), Vatha sensei a mis l’accent sur le travail subtil mais fondamental, tant en statique qu’en dynamique, de l’ensemble coccyx / sacrum.
D’abord installer la sensation que cette zone est sollicitée, puis garder la sensation dans le déplacement - seul et à deux, le partenaire exerçant du plat de la main une pression faible mais « présente » à l’arrière du bassin.
Exercice similaire avec l’engagement discret des kua (pli de l’aine) - les chaînes musculaires et tendineuses étant mobilisées, tant en avançant qu’en reculant ou en se déportant, à partir des véritables petits « moteurs » internes que sont donc kua et sacrum.
Dans la marche taikiken (hai = ramper), certes le centre de gravité est abaissé - optiquement les genoux bien sûr sont fléchis, même si l’essentiel se passe ailleurs : en réalité, toute la partie inférieure du corps prend part au mouvement.
Le mouvement est mi-linéaire, mi-circulaire : néanmoins, plutôt que d’un zigzag, il s’agit d’une ligne serpentine - sinueuse, ondulée.
Il faut parvenir à se sentir bien : éprouver une forme de plaisir, se relâcher tout en évoluant à partir d’une structure « confortablement » alignée aide à dépasser la contrainte, l’austérité, la force seule.
Quant aux membres supérieurs, ils sont naturellement associés à la dynamique et leur rôle n’est pas marginal : ils sont les « antennes ».
Cependant, le point d’attention est plutôt en bas qu’en haut - un peu comme, en karaté, on dit (grossièrement) que le corps est tracté par le hara.
Face à un partenaire attaquant, mains et avant-bras viennent « caresser » l’agression - qui s’en trouve brisée, neutralisée, détournée.
Pour Vatha sensei, il s’agit vraiment d’une caresse : tori ne doit ressentir aucune douleur, il n’y a pas de choc, ce n’est pas un blocage.
Si le gabarit et/ou l’allonge de l’attaquant rendent irréaliste le déploiement par uke de la caresse, celui-ci évidemment s’adapte - soit en modifiant le ma (= la distance) par exemple par un léger recul, soit en s’effaçant latéralement.
Osu ! à Vatha sensei pour sa pédagogie, sa recherche personnelle ainsi partagée.
Le prochain keiko mensuel en extérieur est programmé pour le 12 mars.
NDB