Le 12 mars dernier, comme un dimanche matin chaque mois depuis nombre d'années à l’ACBB, keiko de taikiken en plein-air : le sixième de la saison, au Parc de Saint-Cloud.
Dans l’esprit de l’enseignement originel principalement en extérieur, qu’il vente, neige ou pleuve les pratiquants sont amenés à composer avec la météo - en l’occurrence : clémente. Disons que l’entraînement en salle permet, notamment, de passer l’étape de l’auto-régulation thermique !
Après Vatha Uk Hel Chau sensei le 9 février (voir compte rendu ci-dessous), cette fois c’est Julien Porterie shihan qui a dirigé le cours - à peine achevée la longue journée de la veille à l’Accor Arena de Paris-Bercy pour la trente-sixième édition du Festival des Arts martiaux (magazine «Karaté Bushido»), incluant la démonstration de karaté de plusieurs dojo de France Kyokushin.
Après une quinzaine de minutes individuelles de ritsu zen / han zen (position «de l’arbre» / position «lance et bouclier»), un travail en statique puis en dynamique a été effectué sur la mobilisation d’ensembles musculaires antagonistes - particulièrement : thoraciques/dorsaux/omoplates, avec le discret concours du hara bien sûr.
La mise en oeuvre - non : superficielle, mais : en profondeur - de ces zones du corps puissamment énerg(ét)iques dont en général nous sommes très insuffisamment conscients n’est pas acquise, loin de là : pourtant, s’y accoutumer seul ou avec partenaire contribue à renforcer l’efficience des techniques sans solliciter les membres supérieurs - simples transmetteurs.
Un exercice de «mains collantes/poussée des mains» (en réalité : plutôt avant-bras et poignets, servant d’abord de récepteurs), avec alternance de partenaires pour varier gabarits, ressentis et réflexes, a permis de tester concrètement la façon de réagir, d’absorber et (à cadence…pédagogique !) de surprendre.
En veillant à éviter tout à-coup - que le tui shou soit exécuté lentement ou vivement, avec ou sans déplacement.
Puis Julien Porterie shihan est revenu sur la marche Pa Kua (Bagua) : extérieurement un engagement simultané, en cercle et orienté vers le centre de ce cercle (= centripète), des membres inférieurs et supérieurs.
Bien au-delà de cette apparence évoquant un rond sommaire, le pratiquant développe son aptitude à se défendre dans toutes les directions et/ou contre (par définition : pas «face à») plusieurs adversaires.
Julien Porterie shihan a rappelé que le Pa Kua est un art martial en soi : comme en karaté ou en taikiken toutes nos armes naturelles peuvent intervenir, et les partielles filiations convergentes des - «traditionnels» - Xingyi (principalement linéaire) / Pa Kua (principalement circulaire) vers le - «moderne» - taikiken sont évidentes.
Place au tansho, à la fois sommet et synthèse du travail individuel du pratiquant de taikiken !
Exécuté par des titulaires de menkyo (= dans les systèmes martiaux traditionnels : niveau de compréhension reçue, plutôt que grade acquis au sens des dan), le tansho - fondamentalement distinct du shadow boxing avec lequel visuellement il présente des similitudes - est un «spectacle» saisissant de maîtrise et d’harmonie personnelles.
Le débutant aussi peut et doit s’y exercer : certes il faut se conformer à une sorte de séquencement en trois parties («introduction, corps du propos, conclusion») et donner à voir des actions martiales réalistes mais, pour le reste, c’est la liberté - essence du taikiken, qui se situe à la jonction de l’interne avec l’externe.
Typiquement, même si par nature il est propre à chacun(e) donc non-strictement formaté, le tansho est amorcé ET sera clos dans une extrême lenteur pouvant aller jusqu’à une pure prise de positions; les phases de montée en régime par contre, ainsi que l’apogée des intentions que sous-tendent gestuelle et techniques, sont très nettement marquées.
Le keiko a été clos par un double volet orienté Qi gong :
- un Ba Duàn Jin (en japonais : Hachi Dan Kin, en français littéralement : «les huit pièces de brocart») éveillant, revigorant ou lénifiant selon ce que le pratiquant choisit d’y mettre
- une répétition des exercices des sons, à vocation thérapeutique : chaque son et son expression corporelle correspondent successivement à un organe (poumons, rate, coeur, rein, foie…), et un son plus directement respiratoire est interposé.
Le prochain keiko mensuel en extérieur est programmé pour le 16 avril.
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Pour découvrir ou approfondir le taikiken à l’ACBB-Karaté
- 1. Participer au troisième stage d’initiation et de perfectionnement (adhérents ACBB-Karaté), samedi 22 avril après-midi, 16h30-18h00 (après l’entraînement de karaté), au dojo
- 2. Intégrer le cours « gradés » de Karate Kyokushin les jeudis soirs
- 3. Participer aux prochains keiko mensuels programmés durant la saison sportive (dimanche matin 16 avril, 14 mai et 11 juin, 09h00-11h45, parc de Saint-Cloud, RV à 09h00 précises sur le parking du musée de la Céramique/Pont de Sèvres).
La transmission du taikiken à l’ACBB-Karaté (Jacques Legrée shihan) est rattachée au grand budoka néerlandais Jan Kallenbach (1943-2021) élève direct, au Japon, de Kenichi Sawai sensei (1903-1988) le fondateur du taikiken.
NDB