Tai Ki Ken après le «jubilé» - 26 mai 2024

Ce dimanche 26 mai au parc de Saint-Cloud, exceptionnel stage de taikiken à la faveur de la présence en France de trois sensei étrangers :

Dojo Shin-ShinBuken à Amsterdam, Pays-Bas :
Kyoshi Hans Bakker (continuateur direct de feu Jan Kallenbach sensei) & Sensei Wiert Postema,


Dojo YoShinKen à Stockholm, Suède :
Kyoshi Åke Wall (disciple de Kyoshi Marshall McDonagh, Président de la « Taikiken European Federation »)

 

Au lendemain du jubilé de l’ACBB-Karaté célébré notamment en leur présence autour de Jacques Legrée shihan, ce keiko en plein-air a été dirigé par Hans Bakker sensei -.

 

Avec son art consommé de la mobilité efficace, Laurent Rouzeau sensei, ici venu de Provence mais formé au Shin-ShinBuken, complétait cette gratifiante galerie de nos invités de marque.

 

Après la rituelle séquence individuelle (une petite demi-heure) de mise en place des postures fondamentales, principalement ritsu zen et optionnellement han zen ou postures dérivées, Hans sensei a centré son enseignement de la matinée sur l’exercice du tanshu.

 

Cela a inclus une très brève exécution par chacun à tour de rôle : pour quelques participants c’était une première, pour la plupart l’opportunité d’entendre et de voir rappelés les principes de ce merveilleux condensé d’acquis et de liberté mêlés qu’est le tanshu.

 

Commencer lentement, puis accélérer sa gestuelle martiale en allant jusqu’au « hakkei », enfin retour au calme.

 

Bien sûr, comme tout en taikiken (littéralement : Tai Ki Shi Sei Kenpo) le «geste» n’est pas que cela  - bien au contraire : il ne s’agit pas de décrire des moulinets avec les bras, ni de gracieuses et savantes arabesques dans les déplacements.

 

Le mouvement visible est l’expression de ce qui a pris naissance à l’intérieur du corps, oui cela ressemble à un petit ballet personnel mais c’est au fond un combat : devant, derrière, sur les côtés...

 

Pas de points cardinaux, au sens strict : plus que de leur faire face, l’objet est - pour le(s) neutraliser - d’enrober les adversaires successifs.

 

Le regard ne fixe pas : simplement vigilant (zanshin), il englobe, accompagne l’action.

 

L’exécutant s’affaire partout, son «intention» (le ki) se régénère au gré des sollicitations : cependant ce sont autant de mini-séquences comme emboîtées, insécables, peu à peu «naturelles» et instinctives.

 

Adversaires «imaginaires» si l’on veut, mais au sens de la visualisation comme l’un des moyens qu’a le pratiquant de concrétiser sa propre progression dans la fluidité : le «flow» cher à Jan sensei et à Marshall sensei - flux et reflux.

Et plus que cela, puisque multi-directionnel et multi-axial.

 

Conséquence mais surtout pas but en soi, l’esthétique est puissante lorsque le pratiquant a du métier, un peu gauche tant qu’il est au début de l’apprentissage : une pierre à polir... tel est le lot de chacun.

 

D’autant plus en taikiken, où le waza (la «technique» servie par les armes naturelles : membres inférieurs et supérieurs, et bien au-delà : hanches, épaules, tête...) n’est qu’une manifestation presque secondaire, devenue réflexe voire carrément intuitive, des principes inlassablement travaillés.

Puisqu’idéalement, la distinction entre attaque et défense n’est même plus une ligne ténue.

 

Hans sensei a incité les kenpoka à intégrer tous ces éléments à travers les multiples changements de binômes.

 

Etaient présents notamment quelques «anciens», évidemment tous sexagénaires très avancés, de la première génération des élèves kyokushinkai de Jacques Legrée shihan à son retour du Japon (1972) - où il avait séjourné comme uchi-deshi (élève interne) pendant treize mois auprès de «Mas» Oyama sosai. 

 

Par leurs discrètes et bienveillantes recommandations lors des échanges, outre Kyoshi Julien Porterie et Vatha Uk Hel Chau sensei transmetteurs du taikiken au dojo ACBB, les quatre sensei invités ont contribué à améliorer pratique et sensations de ceux qui en avaient besoin.

 

Hans sensei nous a proposé de clore le keiko par la forme dite «des huit pièces de brocard», ancestral enchaînement de huit mouvements impliquant le corps entier.

 

Une fois connu avant d’être peu ou prou maîtrisé, le Ba duan gin (en japonais : Hachi Dan Kin) séduit par la polyvalence de ses bienfaits.

 

A la fois - ou alternativement - échauffement, étirement, assouplissement, délassement, alignement, quête respiratoire, homme debout/dressé/accroupi/enroulé, sollicitation du petit chaudron intérieur du hara (région ombilicale, entre points Shénquè et point Kiaï), tour à tour appel au vide (Mu) et concentration-lâcher d’énergie : ce «couteau suisse» martial peut, en quelque sorte, être mis à toutes les sauces.

 

Comme conclusion de ce keiko de taikiken durant lequel nous avons eu le privilège d’être abreuvés «à la source» (Jan Kallenbach sensei, Marshall Mc Donagh sensei), l’exercice était parfaitement indiqué.

 

Cette conclusion était aussi une... transition : vers le pique-nique ayant suivi l’entraînement.

Cadre naturel et convivialité sont, en effet, deux autres caractéristiques fréquemment associées à la pratique du taikiken.

 

 

N.B.